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Saori Miyake a étudié la peinture japonaise, la peinture à l'huile et la gravure lors de ses études en art. Elle s’est d'abord intéressée à la fonction d’intermédiaire entre l'objet réel et ce qui est représenté par l'image, avant d'utiliser le photogramme, procédé photographique permettant de réaliser des clichés sans appareil photo. 

Il existe ainsi une mythologie de l’origine de la peinture. Son amant devant partir au front, une jeune fille a tracé l'ombre de ce dernier sur une paroi pour garder son image. A l'instar de ce récit, les images peintes sont le reflet de notre désir de conserver et fixer ce qui est susceptible de disparaître afin de le garder en mémoire. 

Avec le développement de la photographie numérique et des services de stockage cloud, les images sont aujourd'hui toujours plus nombreuses et présentes au quotidien. Chacun peut produire et manipuler des images facilement, alors que la matérialité de ces dernières est de plus en plus remise en cause. Nous pouvons voir sur internet divers types d'images, allant des photographies provocantes utilisées pour des publicités, des journaux photographiques intimes ou des images issues de notre quotidien postées sur des réseaux sociaux devenus véritables outils de communication, comme Instagram où sont visibles selfies, documentations personnelles, etc. Ces étapes de production et de manipulation tendent à modifier la signification de ces images. Avec ces changements leur authenticité peut être mise en doute alors que leur circulation et leur échange augmentent. Ainsi les images influencent toujours plus notre réflexion, notre imagination mais aussi nos actions et notre rapport au quotidien.

Face à cette réalité contemporaine, Saori Miyake interroge l'acte de « regarder les images ». Elle exprime cet acte indirectement par l'utilisation d'ombres et de traces qu'elle emploie comme motifs d’expression visuelle. Ses œuvres sont basées sur les négatifs de photographies qu’elle produit. Elle prend d'abord des photos en snapshots puis elle dessine les images en volte-face à partir de ces mêmes tirages. Elle assemble par la suite ces derniers sous forme de planches-contacts.

Un bouquet de fleurs flottant dans l’obscurité, un homme somnolant dans un jardin… Miyake obtient des snapshots par ses rencontres avec des inconnus ou lors de voyages. Ces images sont découpées comme des fragments de la vie quotidienne et du monde à travers son propre regard. Elles semblent ordinaires mais sont aussi des témoins d'évènements achevés et non résolus.

Le processus créatif de Miyake est fondé sur la manière de regarder et d'appréhender les  images. Pour elle, l’acte de « regarder » n’est pas seulement la réception physique d'objets, de personnages ou de paysages par nos yeux mais plutôt un phénomène psychologique par lequel les images sont liées à la mémoire collective et aux expériences personnelles. L'artiste ne cherche pas à transmettre  aux spectateurs des intentions trop explicites à travers les personnages et évènements représentés.

Regarder, dessiner et faire des tirages. Miyake s'intéresse aux incertitudes et transformations non contrôlées, ainsi qu'à l'interaction de volte-face que provoque ce processus physique emblématique. Cette action a pour effet de substituer les images photographiques à un geste analogique. La déformation des figures et la dégradation de la lumière donnent à voir une image abstraite à même de révéler des éléments oubliés de nos vies.

Traduction par Kyoko Kasuya & Maxime Rouchet

翻訳 糟谷恭子&マキシム・ルシェ


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